You are my secret

 Je regarde la nuit tomber et je trouve le ciel tristement beau.  Alors que le soleil disparaît derrière l'horizon, mes pensées voguent vers Lui. Même si j'ai abandonné tout espoir qu'il se passe un jour quelque chose, cela arrive encore, parfois, qu'il s'invite au beau milieu de mes regrets. 

Je regarde le ciel et je me dis qu'il en fait peut-être autant, accoudé à sa fenêtre en tirant sur une cigarette. Ou peut-être est-il sur scène, à caresser le nombril de sa guitare, ou attablé avec des amis autour d'un verre, ou bien encore en charmant tête à tête, les yeux perdus dans ceux de sa chérie.

Je regarde ce magnifique ciel d'été et je ne peux m'empêcher d'être triste. Car si je pense à Lui, je sais bien sûr que ce n'est pas à moi qu'il  pense. 

Cela m’avait manqué, les papillons dans le ventre. Le désir mêlé d'appréhension à l'idée de voir une personne., la crainte qu’elle se rende compte de quelque chose mais en même temps l’envie qu'elle le devine et qu’elle le ressente aussi.
Je ne suis pas sûre que je sois prête pour une relation actuellement. Mais est-ce une raison pour laisser tomber? N’ai-je donc pas envie de le connaître? Bien sûr que si. Mais j’ai peur. Peur d’être rejetée. Peur de me ridiculiser. Peur d’avoir le cœur brisé, encore une fois.

En ce moment je vois souvent ce jeune homme et je prends le temps de l'observer, discrètement, du coin de l'oeil, pour ne pas le mettre mal à l'aise car il a l'air très réservé. Des yeux bleus, enfin je crois car il est très difficile de croiser son regard, des grains de beauté sur les joues et le front, une bouche plutôt petite mais un joli sourire, poli, discret, et surtout beaucoup de personnalité.

Cette personne a quelque chose de spécial, et elle ne le sait pas. Je suis complètement sous le charme.

On ne peut pas parler d'une rencontre à proprement dit, je n'ai pas rencontré quelqu'un. Je me suis trouvée en contact d'une personne qui a fait éclater ma bulle.

Il y a quelques semaines j'ai croisé un jeune homme. 35 ans, peut-être moins, je ne sais pas, ça n'a pas beaucoup d'importance de toute façon.Sans me regarder il m'a dit bonjour, et j'ai tout de suite été frappée par sa voix. Une belle voix grave, chaude, vibrante, qui m'a donné envie de lever la tête pour voir à qui elle appartenait.

Son visage était dissimulé sous une capuche, je n'ai pu voir ni ses yeux, ni ses traits, juste une barbe de plusieurs jours et quelques mèches de ses cheveux. Il portait des mitaines, le bout de ses doigts étaient rougis par le froid, ça m'a fait sourire. J'ai remarqué ses mains longues, les fines attaches de ses poignets, ses ongles rongés qui m'ont tout de suite fait penser que ce devait être quelqu'un de très anxieux.

Devant moi se tenait une personne, un être fait de chair et d'os. Ca m'a secouée. Moi qui depuis des mois suis plongée dans une profonde léthargie, qui ne croise que des ombres sans visage, sans texture, qui suis devenue aveugle et sourde au monde qui m'entoure, j'ai été émue par ce jeune homme mince, perdu dans des vêtements trop grands. 

Un sentiment étrange m'a envahie, comme si je venais de passer de la pénombre totale à la lumière, comme si j'avais tout à coup retrouvé la vue, que je m'étais réveillée après une longue période de sommeil, un sommeil profond et sans rêves. Sans vouloir tomber dans le romantsime mièvre, j'imagine que c'est un peu ce qu'à dû ressentir Aurore lorsque son prince charmant est venu déposer sur ses lèvres le baiser qui a rompu le sortilège.

 Pourtant ce n'était pas un coup de foudre, mais plutôt la sensation de reconnaître quelqu'un, croisé dans un autre temps, dans un autre monde, ou peut-être, qui sait, dans une autre vie